L'Histoire du Meusien

Découvrez la troisième et dernière partie : Le déclin.

PARTIE 3

Le déclin

Les indemnités de guerre

Curieusement, quand la Compagnie Meusienne récupéra son réseau, elle demanda à l’Armée de le restituer dans son état d’avant 1914. Exit les améliorations apportées par les militaires ! Elle avait en fait, de concert avec le Conseil Général de la Meuse, un but bassement financier : tirer le maximum des indemnités de guerre qui lui étaient dues…

Un véritable pactole ! Il s’agissait d’une somme fort rondelette : 12 773 000 Francs (location du matériel et péage). Elle prétendait même qu’elle aurait fait aussi bien que l’Armée avec ses 15 « petites » locomotives et ses 300 wagons.

La fin du réseau

Et ceci sans renforcer son réseau ! L’Etat ne l’entendit pas de cette oreille. Après d’interminables discussions, le Conseil Général et la Compagnie obtinrent 1 748 715 Francs de dommages de guerre qu’ils se partagèrent.

Toutes ces tractations étaient du plus mauvais effet et, quand le Gouvernement eut à reconnaître les mérites des différents moyens de transport mis à la disposition de la place forte de Verdun, le rôle du Meusien fut totalement occulté…

La reconstruction

Mais qu’à cela ne tienne ! Le département de la Meuse était exsangue et il fallait reconstruire de nombreux villages. Le chemin de fer de la Compagnie Meusienne et la ligne de la Woëvre furent sollicités pour acheminer les matériaux nécessaires à cette immense tâche qui fut accomplie jusqu’à 1924-1925.

Mais l’inflation galopante qui régnait alors obérait les efforts de la Compagnie pour rétablir un équilibre des comptes. Pour essayer de résorber le déficit et limiter les frais d’exploitation, le département imposa la fusion de la Compagnie Meusienne et la S.G.C.F.E., exploitante de la ligne de la Woëvre, ce qui fut chose faite à compter du 1er juin 1923. Le Meusien avait vécu !

La nouvelle compagnie acquit des matériels plus modernes, en particulier des autorails qu’on put voir circuler durant quelque temps entre Montmédy et Bar-le-Duc. D’autre part, la concurrence de l’automobile devenait rude : les camions, en particulier, qui avaient fait la preuve de leur fiabilité sur la Voie Sacrée furent utilisés avec efficacité dans nos campagnes…

Un camion Latil restauré

La fin du réseau

Dès 1927, des lignes arrêtèrent tout trafic ou n’assurèrent plus que le transport du fret, malgré l’acharnement du Conseil Général à défendre son réseau.

Mais en 1936, le couperet tomba ! Toutes les lignes furent fermées à tout trafic. Ou vit encore, ici ou là, en particulier sur la ligne de la Woëvre, quelques circulations pour des besoins particuliers jusqu’au 20 juin 1938. Ensuite, plus rien ! La liquidation des biens du réseau meusien n’était pas terminée quand survint la seconde Guerre Mondiale en 1939.

Il fallut attendre 1946 pour voir le déclassement complet du réseau… Entre temps, les Allemands s’étaient servis en récupérant les rails à destination de la Russie ou des côtes de la Manche pour construire le Mur de l’Atlantique.

- TEXTES ÉCRITS PAR -

Jean Boucheré

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